Le soleil n'était pas au rendez-vous sur les Terres des Secrets. Les nuages menaçaient de déclencher une grosse averse sur tous les territoires. Ce jour là Requiem s'était isolée de sa meute, terrée dans leur grotte pour échapper aux colères du ciel si elles venaient à éclater. La louve noire s'était rendue près d'un endroit qu'elle adorait particulièrement, ce grand lac très calme, reflétant les arbres alentours. Le paysage était magnifique, et appelait à la sérénité. L'Alpha s'y sentait bien, c'était le parfait refuge hors des responsabilités liées à sa meute, elle y trouvait le repos de son esprit. Requiem prenait très à cœur sa responsabilité, elle était capable de faire passer la sécurité de sa meute avant la sienne, elle devait prendre des pauses de temps en temps. Elle s'était couchée près de la rive du lac, la tête posée calmement sur ses pattes avant. Le calme de l'endroit l'endormit rapidement, elle sombra dans un sommeil agité.

Tout était noir. A l'exception des ces petites lumières rouges au loin. Requiem courait. Mais ce n'était pas comme quand elle chassait sur les territoires d'Artémis, ses pattes étaient plus courtes, son poids plus léger, et ses poils n'étaient qu'un duvet très doux. C'était un louveteau. C'était bébé Requiem qui courrait après après ces petites lueurs rouges, qui se rapprochaient au fur à mesure qu'elle courrait. Elle y mettait toute son énergie, comme si elle était en danger ... Elle était bien top près à présent, et c'est là qu'elle les vit, ces grandes silhouettes noires, ses doubles adultes, qui lui ressemblaient comme deux gouttes d'eau, à l'exception des yeux, ces milliers de paires d'yeux rouges qui brillaient dans le noir. Terrifiants.

Requiem se réveilla en sursaut, haletante. Elle faisait régulièrement ce rêve, où elle retrouvait sa plus grande peur. Sa famille la hantait, et ces yeux rougeâtres qui en était la principale caractéristique, lui revenaient souvent dans ses rêves. Avec un geste ennuyé de la tête, la louve noire se leva fébrilement. Il n'était jamais agréable de faire un mauvais rêve. Étirant gracieusement ses pattes, elle bailla d'une manière peu élégante, mais féminine, tout de même. Il n'y avait personne de ce côté-ci du lac, l'Alpha d'Artémis pouvait donc commencer une méditation qui lui ferait grand bien après ce cauchemar. Elle s'assit sagement tout au bord de l'eau, huma avec délectation l'air frais, et ferma ses yeux délicatement. Chassant de son esprit toute trace de loup noir aux yeux rouge, elle pensa à sa déesse, Artémis, celle qui avait donné un sens à sa vie, qui lui avait pardonné les horreurs commises par sa famille, qui l'avait aidé à se tourner vers une cause juste : la protection de toute une meute.

['Scuse pour les fautes >.>]


Il faisait sombre. Non pas parce que c'était le crépuscule ou l'aube, tout simplement car le ciel était gorgé de nuages grisâtres qui annonçaient certainement un gros orage. Même si tu portais une grande fascination aux éclairs, tu n'en demandais jamais à ton dieux, sauf lors des rituels. C'était donc plutôt rare. Arès, dieux de la guerre, était toujours à ton écoute. Il exauçait la plupart de tes vœux, du moins ceux uniquement portant sur la survie de ta Meute. Tu comprenais à quel point ton dieux tenait à ta propre meute, car celle-ci le vénérait, le respectait, plus que personne d'autres. Elle était la prunelle de tes yeux, et vous, membres de cette meute, étiez la prunelle des yeux d'Arès. Tu ne t'étais jamais vraiment posé la question, mais ce dieux que tu chérissais tant, quelle apparence avait t-il ? Toi, tu l'imaginais sous une apparence semblable à la tienne, doté d'imposant muscles et d'une force qu'aucun loup sur terre ne possède. Ton dieux était incroyable, c'était le plus fort, le plus puissant, le meilleur. Tu le considérais comme ça, comme un vrai roi. Personne ne pouvait le surpasser, pas même toi. Si quelqu'un venait à le défier, tu n'hésiterais pas à l'égorger vif. Personne n'est autorisé à provoquer le Grand Arès Tout Puissant. Si quelqu'un avait l’audace de le faire... Son futur sera la mort. Sans pitié. La meute du Grand Dieu s'en chargera elle même. Peu importe qui est le loup qui défie Arès, il mourra. Tu seras intransigeant sur ce point là. Si ton Roi venait à se réveiller et à s'énerver... Ce serait la fin... Pour tout le monde.


Une goutte. Puis deux. Puis trois. De l'eau s'écoulait lentement sur ton museau cendré, tu ouvris les yeux et regarda attentivement les petites choses transparentes gisant juste devant tes orbites. Où étais-tu ? Tu relevas la tête et regarda aux alentours. Il faisait chaud, et un liquide poisseux oranges était installé juste à ta droite. Tu avais tellement envie d'eau... Ta langue pendante, tu te relevas pour mieux examiner l'endroit où tu te trouvais. Tu n'y étais jamais venu jusqu'à maintenant, cet endroit t'était donc complétement inconnu. Une voix rauque s'éleva brusquement et résonna contre les parois rocheuses qui t'entouraient. Tu n'en compris pas les paroles, mais tu entendis un rire qui vint te faire aussitôt frissonner. Tu étais complétement perdu... Apeuré, tu cherchas en vain une sortie. Un loup sortit alors du liquide orangé... Il était blanc comme la neige, il avait de magnifiques yeux rouges brillants, ses oreilles bougeaient sans cesse dans tous les sens, et jamais tu n'avais vu un loup aussi musclé. Il devait être redoutable lors de combats. Il marchait sur la lave, aussi brûlante soit t-elle, sans se soucier de ses pauvres coussinets qui devaient brûler. Lorsqu'un filet de lumière du soleil entra et se posa sur son pelage, il grimaça, et se décala d'une façon brusque et soudaine. Tu compris que son pelage aussi blanc et ses yeux rouges globuleux étaient dû à une maladie de naissance, et ce mâle était albinos. Puis tu compris. Ce loup n'était autre que Arès, ton grand D...



Une petite douleur sur ta cuisse te fit relever la tête, les yeux grands ouverts, tout en grognant, tu découvris ce qui t'avait réveiller. Un rat... Il était en train de te ronger la cuisse, et en un claquement de crocs, il glapit et se sauva. Il t'avait créer là une vilaine blessure, mais qui se soignera vite. Tu n'avais donc pas à t'inquiéter.

Quelque chose tira la belle louve hors de ses pensées. Elle n'était pas seule de ce côté du lac. Un peu contrariée, mais curieuse tout de même, elle se leva doucement, tournant le dos à l'eau, et s'efforça de repérées qui étaient là, et où. En marchant un peu elle sentit l'odeur. C'était une odeur que l'on pouvait reconnaitre facilement, c'était celle de l'Alpha de la meute d'Arès. Requiem tenta de se souvenir de son nom ... Rime Colorée ? Rire courroucé ? Pourquoi choisir d'appeler ses louveteaux par des noms à rallonge aussi ? Quelle idée ... En tous cas le mâle était là. La louve le repéra, malgré le fait qu'il soit couché. Il avait une jolie fourrure argenté, que la belle jalousait, jugent la sienne trop sombre. Le loup en question venait de se réveiller, mordu par un rat. Requiem eut un peu mal pour lui, il allait souffrir un peu lors de son retour dans sa meute ... L'Alpha d'Artémis n'avait pas vraiment d'opinion sur ce loup. Elle ne l'avait pas beaucoup fréquenté, juste entendu quelques anecdotes et rumeurs sur l'Alpha de la meute voisine à la sienne. Il n'avait pas cherché querelle auprès des siens, alors elle n'avait aucunement le droit de mal le considérer.
Maintenant qu'il était réveillé, en sursaut, elle ne pouvait pas faire demi-tour comme si elle ne l'avait pas vu ... Elle resta donc plantée là, à quelques mètres de lui, la brise remuant ses poils en rythme aléatoire. Alors elle se décida à le saluer, sa mère ne l'avait pas appris à être polie, ce n'était pas pour ça qu'elle ne devait pas l'être.

"Bonjour. Je ne sais pas si vous me connaissez, je suis Requiem, de la meute d'Artémis."

Elle ignorait bel et bien si le mâle connaissait son nom. Elle ne s'était pas vraiment fait de réputation, ou plutôt, elle ne savait pas ce qu'on disait d'elle. Elle avait pour sa meute un politique plutôt discrète, vénérant sa déesse d'une dévotion pure, non belliqueuse.